Le Pogam Eugène-Pascal

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 Keryado: Soir sur le Scorff et le château de Tréfaven

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■ Le Pogam Eugène-Pascal

Le Pogam Eugène-Pascal est né à Plœmeur le 06-06-1888.

Il mesurait 1.63 mètre, avait les cheveux et sourcils châtains, les yeux bleus, le front ordinaire, le nez camard, le menton et le visage ovale. Eugène-Pascal avait suivi l'instruction primaire.

Il décèdera le 06-09-1917 à Douaumont ; il avait 29 ans.

Mort pour la France en 1914-1918, tué à l'ennemi, il était 2° Canonnier au 52° RAC.

Lors de son incorporation militaire, il était cultivateur.

Ne l'oublions pas et gardons lui mémoire !

Keryado

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  • FrançaisKeryado
  • BrezhonegKeriadoù
    ( Breton )
  • Population58 100 hab.
    GentiléKeryadins
  • Superficie17,48 km²
  • Densité3323.8 hab./km²
  • Latitude47° 46 '43" N°
    Longitude3° 23 '20" W°
  • Latitude47.761931°
    Longitude-3.388799°


⌘ Le Pogam Eugène-Pascal

Le Pogam Eugène-Pascal

◎ États de service

  • 03-10-1910 => Incorporé au 28° RA. Arrivé au corps le dit jour, 2° canonnier-servant - Habite Bourc'h Nevez (Le Bourg-Neuf) en Keryado. Certificat de bonne conduite accordé
  • 02-09-1912 => Versé dans la réserve au 28° RAC stationné à Vannes
  • 02-08-1914 => Arrivé le 3 août, parti aux armées le 08-09-1914.
  • 15-11-1914 => Versé au 35° RAC
  • 03-04-1917 => Blessé par arrachement de l'ongle du médius droit par culasse de canon
  • 07-08-1917 => Muté au 52° RAC
  • Citation: Excellent canonnier, dévoué et courageux. Blessé le 05-09-1917 en ravitaillant sous un violent bombardement les positions de batteries de 58


 

⌘ Le Pogam Eugène-Pascal

Si vous visitez le cimetière de Keryado et regardez les noms sur le Monument aux Morts, vous pourrez y lire celui d'Eugène Le Pogam, né à Plœmeur le 6 juin 1888, ayant grandi à Bourc'h Nevez, devenu le Bourgneuf.

◎ L'enfant du Bourc'h Nevez

Comme tous les enfants de l'époque, Eugène parle breton naturel et apprend le français sous les coups de trique et l'infâmie du sabot imposé par les hussards noirs de la République pour expurger les langues locales.

Comme tous les enfants du monde rural, après l'école et devoirs réalisés, il aide aux travaux des champs, s'occupe des vaches, travaille à la ferme avec les commis ; la ferme du Bourg-Neuf est une belle et grande ferme, ayant plusieurs valets de ferme et personnel pour la faire tourner. Nous pouvons aussi imaginer Eugène courant par les chemins, traversant cette ligne de chemin de fer pour aller jouer dans les prairies maintenant urbanisées, ou courant les champs avec ses copains de Kerbrehuest, Kerlouano, Kerfichant, Kergohal ou autres hameaux à longue histoire - dont les toponymes ont été changés par des Semaine des quatre jeudis du Bourg-neuf ou, à défaut de schtroumpfs, par allée de la Salsepareille !

Sa scolarité s'arrête rapidement mais sa fiche matricule signale un niveau d'instruction général de niveau 3 ; cela signifie que, s'il n'a pas passé le brevet élémentaire, Eugène a un niveau général plus poussé que la simple lecture et écriture.

Eugène a les yeux bleus, les cheveux châtains, le nez camard, soit un nez plutôt plat et écrasé. Son front est défini comme ordinaire, sa bouche est moyenne, son menton rond et son visage ovale ; il fait 1 m 63 cm à taille adulte.

Son père, Yann-Loeiz - Jean-Louis, est né au Puil en Guidel. Ayant navigué, il s'installa à Valparaiso, fit rapide et belle fortune sur ce que l'on appelait La Plata puis rentra en Bretagne.

Sa mère, Mari-Ivona - Marie-Yvonne Rivalain, est native de Locunolé, alors en canton de Pont-Scorff ; elle y voit le jour le 29 janvier 1863.

De leur union naîtront 11 enfants: Jean-Louis, Marie-Josèphe, Geneviève, Eugène-Pascal, Henri-Charles, Jean-Pierre, Cécile-Eugénie, Marie-Perinne, Joséphine-Marie, André-Louis, Jeanne-Marie.

Cinq décèderont: Henri-Charles encore nourrisson ; Jean-Pierre à 4 ans ; Cécile-Eugénie, morte-née en 1906 ; Eugène-Pascal en 1917 à Verdun ; et la dernière, Jeanne-Marie, Janed en breton, qui décèdera de la grippe espagnole tout comme sa tante qui s'occupait d'elle.

Eugène-Pascal est le troisième enfant de cette famille lourdement marquée par la mort ; l'Ankou passe souvent au Bourgneuf...

◎  Eugène Le Pogam: le service militaire

La fiche d'Eugène Le Pogam, matricule 1310, le signale sur la liste n° 5 en 1909, sur la liste n° 2 en 1910 et inscrit sous le numéro 176 du 2° canton de Lorient.

Eugène intègre le 28° régiment d'artillerie basé à Vannes le 3 octobre 1910 ; il est nommé 2° canonnier-servant ce dit jour. Il sera versé dans le service armé le 1° mai 1911 sur avis de la commission spéciale de Vannes.

Le 21 septembre 1912, son service militaire prenant fin, il est mis en disponibilité de l'armée active et reçoit un certificat de bonne conduite ; 22 mois plus tard, Eugène partira pour une guerre sans retour ; cela, il ne le sait pas encore.

◎  Eugène Le Pogam: la guerre

Ce 28 juillet 1914, la première guerre pas encore mondiale commence ; Eugène Le Pogam est mobilisé comme l'immense majorité des hommes de son âge ; il rejoint le 28° RAC à Vannes le 3 août et passe aux armées le 8 septembre pour intégrer le 35° RAC de Vannes le 15 novembre 1914 ; il y restera jusqu'au 7 août 1917, date à laquelle il intègre le 52° RAC.

Blessé le 5 septembre 1917, il meurt le lendemain, 6 septembre.

◎  Eugène Le Pogam: le 28° RAC

Venant au secours des belges qui résistent devant Liège, la IV° armée française, dont le 28° RAC est une composante en réserve, est engagée contre les troupes allemandes. Le 22 août 1914, le 28° RAC est engagé dans le Combat de Maissin, en Belgique ; c'est la première montée au feu pour Eugène Le Pogam comme pour ses camarades de régiment.

Les régiments engagés connaissent d'effroyables pertes. Non aguerris, allant au feu pour la première fois, les hommes tombent sans compter et marquent ces combats de leur courage. Lors des combats de Lenharrée et Connantray, du 5 au 8 septembre, le 35° RAC dans lequel sera versé Eugène doit défendre ses pièces à la baïonnette ; les pertes sont terribles. il en est de même pour les régiments bretons et autres engagés.

Les armées françaises reculent ; le 5 septembre 1914, elles arrêtent de reculer. Commence alors la première bataille de la Marne ; elle durera du 5 au 12 du même mois et, stoppant la marche victorieuse de l'armée allemande, sonnera l'échec du plan Schlieffen. Les allemands reculent jusqu'à l'Aisne.

◎  Eugène Le Pogam: le 35° RAC

Le 35° RAC a été étrillé par les premières batailles d'août. Ses effectifs seront reconstitués en puisant dans les effectifs du 28° RAC, entre autre ; Eugène fait partie de ceux qui sont mutés ; il rejoint le 35° le 15 novembre 1914 comme servant de pièce ; il y restera jusqu'en août 1917.

D'octobre 1914 à août 1915, le 35°RAC restera dans la région d'Albert. Il y fera la douloureuse expérience de la boue, de la construction des premières tranchées dans les terres basses et humides proches de l'Ancre, rivière proche d'Albert. Les hommes, dont Eugène, doivent apprendre à se protéger, à connaître le terrain, à survivre, attaquer les allemands qui, de leurs côtés, font de même. Les duels d'artillerie et combats locaux sont violents, réguliers, journaliers.

1915 sera l'année des grandes offensives. Septembre voit le 35° RAC désigné pour l'Offensive de Champagne et c'est le 5 août qu'il embarque pour, après quelques repos à l'arrière, arriver le 22 août dans le secteur de Tahure, maintenant détruit. La blancheur de la craie change de l'humidité picarde ; elle se teintera rapidement de sang humain. La 22° division, dont est le 35° RAC, est cité à l'ordre de l'Armée pour son courage le 25 septembre 1915.

◎  Eugène Le Pogam: la blessure

Si la vie militaire se déroule sans incidents notables pour Eugène, ceci écrit de manière relative car le 35° est impliqué dans multiples combats et les hommes meurent comme mouches. Le 3 avril 1917, il est blessé et sera ramené à l'arrière, chez lui, au Bourgneuf.

Nous avons retrouvé avec certitude le numéro de batterie dans laquelle sert Eugène et le JMO de la 6° batterie est significatif.

  • 6° batterie
    Ce 3 avril 1917; elle est engagée à Laffaux, solidement tenue par les Allemands. La mission de la batterie depuis le 2 avril est de creuser une brêche dans les barbelés de la tranchée de l'Épieu, à 300 mètres à l'ouest de la Route nationale. La brèche est ouverte à 16h après 800 coups tirés sur la zone.

    Ce 3 avril, la batterie tire 1800 coups à partir de 6 heures du matin, simplement pour rafraichir la brèche. À 14 heures, l'infanterie attaque, prend la tranchée. La batterie du 35°RAC est bombardée ; un caisson explose et le canonnier Eugène Breton est blessé à son poste de combat. La nuit du 3 au 4, les allemands reprennent la tranchée.

    Ce 3 avril 1917, Eugène est blessé par arrachement de l'ongle du médius droit par la culasse du canon dont il est servant.

    Bénéficiant d'un congé de rétablissement jusqu'en août 1917, il se marie en juillet 1917 avec Philomène. Il est gardé souvenir dans sa famille que, jeune marié, Eugène fera l'immense erreur, le jour et heure de son départ officiel, de ne pas prendre le train prévu pour prendre celui du lendemain. Ce lendemain, au petit matin, les gendarmes sont à Bourc'h nevez - le Bourgneuf pour le conduire à la gare.

◎  Eugène Le Pogam: la mort

Ayant été fortement étrillé par les allemands, et ses effectifs clairsemés, le 52°RAC se voit renforcé par des soldats prélevés dans le 35°RAC ; Eugène en fait partie. À peine reformé, le 52° est engagé sur le Front de Verdun; c'est la troisième fois depuis 1914 que le régiment sert sur ce terrain. Eugène ne sert plus un canon de 75 mais un mortier de 58, plus connu sous le nom de crapouillot.

Un crapouillot fait 417kg en batterie et 600kg au transport ; il tire 1 coup/minute pour une portée de 400 à 1500m.

Verdun

Le Ravin de la Caillette en 1920

Le 2 septembre, le sol étant tellement labouré, explosé, modifié que reconnaissance s'impose. Il est décidé, pour reprendre le Fort de Douaumont, et en soutien de l'infanterie, que le 1° groupe du 52° occupera le Bois Chaffaud ; le 2° groupe se positionnera dans le Ravin de la Caillette et le 3° groupe dans le Ravin de la Couleuvre. Les objectifs sont Bézonvaux et s'emparer du Bois Le Chaume et environs. Les tirs sont courts rapporte le journal du 2° groupe: les tirs au 75 se font à 1800 mètres ; les positions du 52° RAC sont très avancées.

L'intensité des bombardements nous est inimaginable mais la lecture au 5 septembre 1917 du JMO de la 4° batterie nous en donne information. Ce jour, en 1h15', cette batterie tire 300 obus à gaz sur le Bereitschaftlager ( abri D ) ; soit 2 coups / pièce / minute. Entre 6h30 et 9h30, ils en tirent 100 pour aveugler les observateurs allemands de la côte 193 ; soit 50 obus explosifs et 50 obus à balles. À 8h30, tirs de réglage à obus explosifs sur le point 668 puis idem à 9h 30 sur le point 505. À partir de 20h, tirs de fusants – le schrapnell des allemands - sur le Königin Weg entre les points 729B et 739B – 2 coups/minute par batterie pendant toute la nuit. Sur la Schwererin et sur le Boyau de Brème, même fréquence. Les allemands en font de même sur les lignes françaises.

Le 6 septembre, pour la même batterie et les mêmes lignes , le schéma se reproduit.

Sentant l'offensive, les allemands bombardent et harcèlent sans discontinuer, visant surtout les groupes de ravitaillement, groupes dont est Eugène.

Les bombardements se font aux gaz, aux obus explosifs ou à balles. Le journal du 3° groupe qui a position au Ravin de la Couleuvre signale des bombardements allemands incessants, faisant barrage. L'officier écrit:

- Dans la nuit du 4 au 5, bombardement du Ravin de la Couleuvre par obus toxiques. Armement complet des deux batteries du groupe, avec charges. Construction des travaux aux positions.

Les hommes, malgré les obus, font du terrassement et préparent leurs positions. Ce même officier concernant la journée du 6, écrit:

-Nuit du 5 au 6, les positions reçoivent des obus toxiques. Au jour, nouveau bombardements. Plusieurs blessés à la 29° batterie. Accrochage et réglage pour les batteries. Continuation des travaux.

Les positions des trois groupes, copieusement arrosées, impose aux hommes de continuer à servir leur pièce sous le feu allemand, sous les marmites, sous les schrapnells, sous les gaz. Le secrétaire du 1° groupe écrit que la plupart des servants sont intoxiqués au gaz. Il n'y a pas plus de 2 ou 3 servants par pièce, compris les conducteurs d'attelages. Les hommes restent jusqu'à l'extrême limite de leurs forces ; plus de la moitié des servants sont hors de combat ; Eugène en est.

En ce jour du 5 septembre 1917, Eugène et certainement quelques camarades partent chercher des munitions de 58 sous le feu ennemi ; ils ne passeront pas. Eugène blessé restera sur place, peut-être gazé, sanglant et mourant ; espérons qu'il soit mort sur le coup. Sa mort sera officialisée le 6 septembre 1917.

◎  Eugène Le Pogam repose au cimetière de Douaumont

Sur sa fiche matricule il est noté:
- Excellent canonnier dévoué et courageux. Blessé le 5 septembre 1917 en ravitaillant sous un violent bombardement les positions de batterie de 58. Tué à l'ennemi. Il avait 29 ans. Jeune marié, il le fut 1 mois.

Eugène Le Pogam repose au Cimetière de Douaumont, tombe N° 2428. Un service funèbre fut célébré pour le repos de son âme en l’église Saint-Joseph de Keryado, le lundi 29 octobre 1917. Il habitait le Bourg-Neuf à Keryado. Son nom figure sur le monument aux morts de Keryado.