Morlaix

Vos guides du passé
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 Morlaix: Une ville au fond de son aber...

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■ Vos guides du passé

Les premiers guides touristiques, au sens où nous l'entendons actuellement, sont nés avec le développement du chemin de fer. Contrairement aux récits de voyages qui se limitaient aux parcours réalisés, les guides touristiques fournissent multiples informations sur les lieux et destinations que vous souhaiteriez visiter.

Les Guides Touristiques du Passé sont plaisantes informations et, nous permettant de visiter nos communes avec les yeux de nos aïeux, peuvent nous en apprendre beaucoup sur leurs goûts et sensibilités.

Morlaix

morlaix


  • FrançaisMorlaix
  • BrezhonegMontroulez
    ( Breton )
  • Population15 600 hab.
    Gentilémorlaisiens
  • Superficie24,82 km²
  • Densité628.53 hab./km²
  • Latitude48° 35 '60" N°
    Longitude3° 50 '60" W°
  • Latitude48.583302°
    Longitude-3.833330°

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Alouchta: Ceux du domaine viticole Аlouchtaen 1936

⌘ Morlaix en 1889

La commune de Morlaix compte 16,013 habitants. Sa superficie est de 373 hectares. Ses revenus annuels s'élèvent à 223,500 francs.

La ville de Morlaix, chef-lieu de l'arrondissement géographique et du canton de ce nom, est située dans une vallée profonde, dominée par trois collines et arrosée par deux rivières qui y forment, en se réunissant, un port de 1,200 mètres de longueur.

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Morlaix: Construction du viaduc sur la Penzé
Ligne Morlaix-Roscoff - le 15 octobre 1882

D'après le grand nombre de médailles du III° siècle trouvées dans les substructions du château et des remparts de la ville, une importante station romaine parait y avoir existé ; cette station dut être abandonnée ou détruite, vers le déclin de l'empire Romain, et Morlaix ne fut, longtemps après, qu'un petit port, qui appartint successivement aux comtes de Léon. En 1187, Henri II°, roi d'Angleterre, tuteur du jeune duc Arthur, s'en empara, après un siège assez long, et l'annexa au duché. Pendant les guerres du XIV° siècle, la ville fut occupée alternativement par les Français et les Anglais. Révoltée contre le duc Jean IV°, allié des Anglais, elle fut cruellement châtiée, en 1371, par ce prince, qui fit pendre cinquante notables. Pillée et saccagée par les Anglais, en 1522, elle resta presque entièrement déserte et n'offrit, pendant longtemps, qu'un spectacle de deuil et de misère ; c'est à la suite de ce désastre que les habitants, pour en éviter le retour, firent construire le château du Taureau, à l'entrée de la rade. En 1518, Marie Stuart, débarquée à Roscoff pour venir en France épouser le Dauphin, qui fut depuis François II° , fit à Morlaix une entrée triomphale. Pendant la Ligue, les habitants, devenus ligueurs un peu malgré eux, finirent par se rendre au maréchal d'Aumont, général de l'armée royale, qui assiéga le château et s'en empara, par capitulation, après cinq semaines de résistance.

Ruinée par la guerre, décimée par la peste et la famine, la ville fut de longues années à se relever; mais, au XVIII° siècle, le commerce se développa et s'accrut rapidement, grâce à la longue paix que le ministère du cardinal Fleury donna à la France. Le port, envahi par les vases, fut nettoyé, transformé et garni de quais ; un nouvel Hôtel-Dieu fut construit ; les ponts en bois, qui réunissaient les faubourgs à la ville close, furent reconstruits en pierres de taille et les voies de communication aboutissant à la ville furent améliorées ; on créa aussi de nouvelles rues et de nouvelles places. Tous ces travaux d'amélioration ont été continués et complétés.

Morlaix dépendait autrefois des deux évêchés de Léon et de Tréguier ; la rivière formait la limite de ces évêchés, et l'on distingue encore par le nom de Léon (rive gauche) et de Tréguier (rive droite) les quais situés de chaque côté du port. La ville était, comme aujourd'hui, divisée en trois paroisses: Saint-Mathieu, Saint-Mélaine et Saint-Martin des Champs.

Bien qu'elle ait beaucoup perdu au point de vue archéologique, par suite des grands travaux de voirie exécutés dans ces derniers temps, Morlaix est cependant, sous ce rapport, une des villes les plus curieuses du Finistère ; quelques-unes de ses rues ont encore l'aspect qu'elles avaient au XV° siècle, et elles conservent un certain nombre de vieilles maisons en bois, à pignon sur rue, chaque étage surplombant sur l'étage inférieur, avec des rampes d'escalier sculptées et des statuettes placées aux angles des rues.

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Morlaix: Construction du viaduc de Morlaix
Ligne Paris-Brest - le 15 juillet 1862

Parmi les monuments modernes de Morlaix on peut citer:
- 1° - L'Hôtel-de-Ville, qui date de 1840 ;
- 2° - L'Hospice, vaste établissement fondé en 1733 et récemment agrandi ; il renferme une importante maison d'aliénés ;
- 3° - La Manufacture des tabacs, fondée en 1730-1736, et presque entièrement reconstruite en 1865-1872, qui occupe 150 ouvriers et 1,670 ouvrières. Il est regrettable que la ville ait laissé vendre et démolir, en 1805, la superbe collégiale de Notre-Dame du Mur, dont le clocher, surmonté d'une flèche rivale de celle du Kreisker, à Saint-Pol de Léon, avait une hauteur de 87 mètres.

Le port est, comme la ville, situé au confluent de deux cours d'eau, le Jarlot et le Queflleut, qui descendent des montagnes d'Arré et se réunissent pour former une rivière maritime, connue sous le nom de rivière de Morlaix. Jusqu'en 1727, le port ne comprenait que cette rivière, avec quelques débarcadères isolés, sans quais, ni chemins do halage ; on ne prenait d'autre soin que d'exécuter quelques curages et d'empêcher de jeter des décombres dans la rivière ; la police et l'administration du port appartenaient au chef de la Confrérie des marins. Les droits d'ancrage, auxquels la municipalité ajoutait quelques subventions, étaient affectés aux frais de son entretien, mais à partir du XVI° siècle, par suite des malheurs de la ville, cet entretien même fut négligé, le port se combla dans sa partie supérieure, et tandis qu'il recevait, au moyen-âge, des navires de 400 tonneaux, comme aujourd'hui, il ne pouvait plus, sous Louis XIV, recevoir que des barques de 10 tonneaux ; les chargements et déchargements se faisaient en rade, au moyen d'allèges, qui remontaient ensuite jusqu'à Morlaix.

Au XVII° siècle, une extension considérable, due tout entière à l'activité et à l'esprit d'initiative de la municipalité, fut donnée aux travaux du port qui, on peut le dire, est en grande partie l'oeuvre de la ville ; aussi la municipalité en a-t-elle conservé longtemps la police el l'administration, et ce n'est qu'à parlir de 1830 qne l'Etat a repris complètement possession des quais et de toutes les dépendances du domaine maritime.

La rivière de Morlaix, dont la partie supérieure formant le port a été transformée, il y a quelques années, en un bassin à flot, se développe dans la direction Sud-Nord, sur une étendue de 6 kilomètres, et débouche dans une vaste rade s'ouvrant au nord sur une baie dans laquelle débouche également, un peu plus à l'ouest, la Penzès ou rivière de Saint-Pol-de-Léon, le plateau de la Méloine, à l'est, et l'île de Batz, à l'ouest, ferment cette baie dont l'entrée a 8,500 mètres de large.

Le bassin à flot et un avant-port sont affectés aux mouvements de la navigation. L'avant-port comprend :
- 1° - Deux quais en maçonnerie, l'un de 130 mètres, sur la rive droite, l'autre de 180 mètres, sur la rive gauche ;
- 2° - Un plateau de carénage de 50 mètres de longueur, sur la rive gauche ;
- 3° - Un quai de 150 mètres de longueur, récemment construit sur la rive gauche, à la suite du plateau de carénage ;
- 4° - 600 mètres de quai, sur la rive droite, le bassin à flot a nécessité la construction d'une écluse de 16 mètres de largeur et 72 mètres de longueur, et d'un barrage accolé, percé de sept ouvertures de fond, d'une surface libre de 16 mètres 50, fermées par des vannes, la longueur de ce bassin est de 1,200 mètres ; sa largeur moyenne est de 42 mètres ; il est garni de quais sur la plus grande partie de sa longueur; sa profondeur varie de 2m50 à l'amont à 4m85 à l'aval.

Divers travaux d'amélioration à exécuter à la rivière et au port de Morlaix, et dont la dépense totale s'élèvera à 130,009 francs, sont en cours d'exécution. Le crédit alloué pour 1888, a été de 60,000 francs.

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Morlaix: Le vieux Morlaix vers 1840

La rade foraine de Morlaix ne peut servir de mouillage aux navires qui doivent pénétrer dans la rade proprement dite, en traversant un espace couvert d'écueils, qui ne laissent entre eux que quelques passes dont la direction exacte est indiquée par des ouvrages d'éclairage et de balisage ; ces passes, au nombre de quatre, sont:
- 1° - Le Grand-Chenal, dirigé du sud au nord, et dans lequel on trouve 4m 00 à basse-mer, mais son peu de largeur ne permet pas d'y louvoyer, ce qui ne le rend praticable d'une manière permanente que pour les navires à vapeur;
- 2° - Le chenal de Beautemps-Beaupré, ou variante du Grand-Chenal, plus profond encore que ce dernier, mais trop étroit et trop sinueux pour que les voiliers d'un certain tonnage puissent y louvoyer sans danger;
- 3° - Le chenal de Tréguier, plus large, et dans lequel on peut louvoyer; il est généralement suivi par les caboteurs, mais il est peu profond et on ne trouve que 6 centimètres d'eau aux basses mers d'équinoxe ; les navires d'un tirant d'eau supérieur à 3 mètres ne doivent s'y engager qu'à mi-marée montante ;
- 4° - Enfin, une dernière passe, nommée passe de Léon, qui permet d'entrer en rade en venant de l'île de Batz.

La rade proprement dite a une longueur de 6 kilomètres, du sud au nord ; elle a 3,600 mètres dans sa plus grande largeur, mais l'entrée n'a que 1,850 mètres; sa superficie totale est de 800 hectares environ, dont 55 seulement présentent assez de profondeur, à basse-mer, pour le mouillage des navires ; dans le milieu, sur une largeur moyenne de 400 mètres, se trouve une fosse où il y a 7 mètres d'eau, aux plus basses mers, et 16 mètres sur une largeur de 300 mètres.

A son extrémité sud, la rade reçoit, avec les eaux de la rivière de Morlaix, celles du Dourduff. Ce cours d'eau, qui coule de l'est à l'ouest, est sans importance; il n'est praticable que pour de très petits navires et ne sert guère que pour le transport des engrais marins, dont le déchargement s'effectue sur deux débarcadères.

La rivière de Morlaix coule dans la direction Nord-Nord-Ouest sur 4 kilomètres, à partir de la ville jusqu'au point dit Toul-mahot, où elle fait un coude pour continuer jusqu'à la rade, dans la direction N.-N.-E. Un affluent assez important, le Pennelé, se jette dans la rivière, du côté de l'ouest, à 3 kilomètres de l'embouchure.

Malgré les difficultés qu'elle présente pour les voiliers d'un grand tirant d'eau, l'entrée des passes de Morlaix est sûre et facile, depuis l'exécution des nombreux ouvrages destinés à les éclairer et à les baliser. Commencés en 1831, ces travaux forment aujourd'hui un système à peu près complet. L'éclairage est donné par quatre feux, le premier sur File Noire, d'une portée de 10 milles ; le second sur le front nord du château du Taureau, d'une portée de 2 milles ; le troisième sur l'île Louet, d'une portée de 10 milles ; le dernier, dit feu de la tour de la Lande, sur les hauteurs du fond de la rade ; sa portée est de 13 milles.

Le commerce de Morlaix, qui consiste principalement en beurres et salaisons, a commencé à prendre de l'importance au XIII° siècle : il est resté prospère jusqu'à la ruine de la ville, en 1522, et a langui ensuite jusqu'au XVIII° siècle où il a pris un essor qui ne s'est pas ralenti depuis. Par les qualités et l'heureuse situation de son port, à l'entrée de la Manche, Morlaix est devenu naturellement l'entrepôt et le centre d'importation et d'exportation de l'extrême Bretagne.

Voici quelle a été, en 1885, l'importance du mouvement maritime et commercial de cette localité :

  • ENTRÉES
    - 356 navires, dont 5 au lest et 81 chargés, soit 89 venant de l'étranger, et 267, dont 20 au lest et 247 chargés, venant de divers ports français. Tonnage, 30,411 tonneaux ; équipages, 2,319 hommes. Il a été importé de l'étranger, 14,079 tonneaux de houille, bois du Nord et marchandises diverses. L'importation par cabotage français a été de 14,352 tonncaux de denrées diverses, consistant principalement en sels marins, matériaux à bâtir, grains, farines, tabacs, pierres, vins, cidres, eaux-de-vie, fourrages, fers, aciers, résines, savons, cafés, bitumes, peaux, huiles, poteries, viandes, engrais, etc., provenant des ports de Dunkerque, Boulogne, Le Hâvre, Rouen, Regnéville, Saint-Servan, Le Légué, Pontrieux, Tréguier, Lannion, L'Aberwrac'h, Mesquer, Le Croisic, Noirmoutier, Ars-en-Ré, Saint-Martin de Ré, Bordeaux et Bayonne.
  • - SORTIES
    - 329 navires, dont 51 au lest et 23 chargés, soit 77 allant à l'étranger, et 252, dont 81 au lest el 171 chargés, pour divers ports français. Il a été exporté pour l'étranger 1,760 tonneaux de produits du pays. Il a été expédié par cabotage français, 7,051 tonneaux de marchandises diverses, consistant en grains, fromages, beurres, oeufs, légumes verts, fourrages, etc., à destination des ports du Havre, Caen, Cherbourg, Regnéville, Paimpol, Lannion, Nantes, Rocheforl, Libourne, Bordeaux, Pauillac et Bayonne.

Traversée par les routes nationales N°12 et N°169 et par la route départementale N°2, la ville de Morlaix est desservie, en outre, par le chemin de fer de Paris à Brest, qui y a une gare, et passe au-dessus de la ville sur un viaduc que l'on peut considérer comme un des plus beaux ouvrages de ce genre. Il se compose de deux étages d'arcades avec passage pour les piétons, entre les deux étages ; sa longueur totale est de 285 mètres ; sa hauteur est de 61 mètres au-dessus des fondations et do 58 mètres au-dessus des quais ; il a coûté 2,502,000 francs et on a dû exécuter, pour sa construction, 65,830 mètres cubes de maçonnerie.

C'est à Morlaix que la duchesse Anne fit construire le premier vaisseau remarquable de la flotte française - La Cordelière - sur lequel, en 1513, Hervé de Porzmoguer - Primauguet -, à la tête de quelques bâtiments, attaqua une forte escadre anglaise et fut vainqueur.

Morlaix est la patrie du général Moreau, le vainqueur de Hohenlinden. C'est aussi celle des amiraux Cornic et de Trobriant.

Guide pittoresque du voyageur en France - Année 1890